Art Croissance / juillet
Iglika Christova Art Croissance
Dans le geste pictural du peintre accouche l’intuition de l’instant…
Dans ce champ inaccessible qu’elle crée à sa guise, elle tisse des résonnances,des rythmes, des espaces intérieurs. La peinture de Yu Jen-chih saisit l’instant stabilisé, « cette heure immobile qui n’est plus marquée sur les horloges » dont nous parle Baudelaire. En toute vraie peinture, on peut trouver des éléments d’un temps arrêté, d’un temps immobilisant la vie…
Le temps pictural est aussi la conscience aigue des ambivalences ; matières opaques et matières transparentes mêlent leurs formes et confondent leur épiderme monochrome.
Sur la profondeur ténébreuse qui partout interpelle : un éclat de lumière officiant tel un guide… Dans les ténèbres le peintre voit mieux sa propre lumière. Surgissent alors des mondes végétaux à la lisière des songes… Yu Jen-chih se sert de l’élément naturel comme alibi afin de nous faire vivre « en retard » l’intensité d’un moment.
Par son geste agité, le peintre témoigne aussi de cette folie indomptable et si éclatante dans « Champ de blé aux corbeaux » de van Gogh. Cette folie qui poursuit l’homme et la nature depuis l’origine des temps, avec le mouvement de la rivière ou encore les convulsions du vent. Si folie il y a, elle est intrinsèque à la nature… Les peintres étant parmi ses traducteurs visuels les plus fidèles.