YU JEN- CHIH : Le coeur du vivant, par Michel Bohbot / décembre
Devant les dernières œuvres de Yu Jen-chih je m’interroge, ces formes que sont-elles ? Des feuilles d’arbres ou des plantes, des mains tendues, des prairies palpitantes sous le vent ? La surface peinte bat, frémit, se hérisse, ondule et respire.
Dans les toiles récentes de tous formats, et je me réjouis de ses essais très concluants de petites et moyennes tailles, comme dans ses extraordinaires peintures sur papier rond (des tondos) qui rappellent la perfection achevée du Ki de l’ésotérisme Chinois, on retrouve les teintes volontairement neutres et détachées, toutes en retenue et impassibilité ; une surface dématérialisée mais que l’on sent vivante et en mouvement comme une rivière de montagne ou mieux encore, comme l’étendue de la mer quand elle est travaillée en profondeur par le vent et la houle. Matière vivante, si proche et si lointaine, à la fois familière et inconnue.
Le motif végétal est ici traité de façon simplifiée, il est synthétisé sans perdre de sa force et de son mystère, bien au contraire. Le peintre nous tient en haleine et en respect, volontairement à distance, et c’est cette distance, ce savoir-faire très savant qui ne dit pas son nom, qui est fascinant et la marque d’un vrai talent.
Michel Bohbot
Expert en Art Contemporain / Historien de l’Art